Friday, October 22, 2010

Le Puits de la Perversion de Michel Vigneron

Il y a quelques temps, je vous ai parlé du polar régional de Michel Vigneron BOULOGNE K.




Ayant apprécié cette oeuvre, je me suis empressé d'acheter son Puits de la Perversion, situé entre Boulogne sur Mer et Calais. Et c'est un coup de scalpel à l'âme que je me suis pris.

Résumé :
Ils sont trois comme la sainte trinité, mais une trinité en enfer. Trois qui ne se connaissent pas.
D'abord Orca, le flic désabusé, confronté à une justice qui ne suit pas toujours et une société en pleine déliquescence. Marié et pas heureux, une gosse mal dans sa peau, il est M tout le Monde qui a vu la société évoluer en mal depuis quelques dizaines d'années... Puis il y a Jean, le détraqué, le pervers qui sous un masque de normalité cherche à satisfaire ses pulsions les plus malsaines et enfin la jeune fille, celle dont le père abuse depuis l'âge de 8 ans. Celle qui voit le monstre venir entre ses jambes pour se satisfaire, celle qui se confie à un journal parce qu'elle ne peut se confier à personne d'autre.

Plongée en Enfer...
Le puits de la Perversion, c'est un roman pour les âmes bien accrochées, pour lecteurs avertis uniquement. Vigneron ne se complaît pas dans l'abjection, il la montre, comme elle est, trop banale. A coté de nous. Le besoin de se satisfaire prévaut pour les monstres, assumant leur normalité. L'auteur ne vient pas nous enquiquiner avec de quelconques traumatismes, comme une justification de la nuisance. Ses salauds savent ce qu'ils font, mais c'est leur façon de vivre... Jean confrontée à sa mère atteinte d'Alzheimer est un homme anodin, embêté par ce fardeau qu'il ne sait trop comment gérer et dès qu'il s'éloigne d'elle, il cherche la jouissance comme une délivrance... Raymond, l'autre pervers, veut du sexe, dominer... Il accuse son ex femme de l'avoir poussée à violer sa gosse, mais on sent la bête au fond de lui...
On atteint le comble de l'horreur à un moment clef du livre, lors d'une discussion autour d'une bière.... On croit halluciner et pourtant l'épouvante est là, tellement stupéfiante qu'on ne peut que l'imaginer bien réelle, dans nos villes, nos villages... Il y a des Raymond, des Jean...
Et en face d'eux, des victimes...
Le journal intime de la gamine violée (16 ans) m'a paru parfois trop bien écrit, mais il est surtout l'occasion de faire parler les victimes, de leur donner la parole, de ne pas se focaliser sur le criminel comme on a trop tendance à le faire quand on traite le serial killer de génie et tutti quanti. C'est crû, c'est affreux et pourtant, certaines situations éveillent en nous la compassion. Que peut-on faire pour aider ces victimes qui n'osent pas parler ? Quelles réactions ont les institutions (école) face à une gamine mutique ? A part contacter ses parents ?
Enfin il y a Orca, le flic qui tente de faire son boulot, parfois en franchissant la ligne blanche... Vigneron nous montre le quotidien de l'enquêteur, la difficulté à gérer une vie de famille dans un boulot qui vous confronte à la misère sociale... Et aussi aux prédateurs qui rôdent, convaincus de leur impunité....
Le monde de Vigneron est sombre, c'est celui de beaucoup de villes de France en 2010 où la désespérance prévaut... Bizarre comme notre époque sent les années 30....

Si le roman prend à un moment un tour fantastique borderline, on saura gré à l'éditeur d'avoir permis à l'auteur de bâtir son intrigue sur les trois parallèles. Certes, il faut quelque temps avant que les pièces du puzzle s'imbriquent plus de 70 pages je dirai de mémoire, mais ces trois parties sont purement et simplement excellentes. chacune avec leur force... Il n'y a pas d'intrigue au dessus des autres.

Puissant, évocateur, donnant la parole aux victimes que l'institution judiciaire oublie trop souvent (les dommages intérêts pour les faits moins graves ne sont souvent que des chiffres sur un jugement, n'est-ce pas ? ), le Puits de la Perversion est un ouvrage fort, le coup de scalpel à l'âme, un roman pour lecteur en quête d'émotion, de compréhension. Sa thématique, son propos vont choquer, ce bouquin fera parler de lui... Certains reprocheront à Vigneron son absence de blancheur, moi il m'a encore emballé.

Tuesday, October 12, 2010

Fantômes (histoires troubles) Joe Hill

Joe Hill est le fils de Stephen King,  le grand, l'unique !
Ceci explique sans doute que les éditions Jc Lattès aient décidé de publier un de ses recueils de nouvelles datant de 2005. 
(bon ça c'est de l'accroche du lecteur de blog, c'est vachard, mais ca se comprend....)

Alors soyons clairs, la lecture de ce recueil me laisse mitigé car elle va du parfait, percutant, waouh, le mot juste, au "bon sang, pourquoi avoir coupé un arbre".




 Travelling, passage en revue des nouvelles.
Dernier Cri, histoire d'un éditeur de revue d'horreur qui découvre un auteur inconnu, dénigré et pourtant génial.
Mal lui en prendra. Dans ce texte, Hill flingue le milieu de l'édition, le monde de l'horreur qui se complaît dans le "du cul, du sang" et se rétame... Les mots sont justes, le propos incisif. Bref chapeau bas.

La Belle au ciné hantant (oui, la traduction de titre ce n'est pas facile et je pardonne volontiers la traductrice, même si certains trucs m'ont fait tiquer comme collection pour recueil de nouvelles...)
bon, une histoire de fantôme dans un ciné... j'avoue que je me suis un peu ennuyé, j'avais l'impression de lire du...... XXXXXXXcensuréXXXX  C'est de l'écriture de l'intime, c'est gonflant. Il n'y a guère de chute.
Bof à oublier.

Pop Art, l'histoire d'un garçon en ballon de baudruche, c'est beau c'est émouvant. C'est intimiste, mais c'est chouette et original. Comme quoi le fantastique peut encore surprendre avec une bonne idée...

Stridulations , une variation sur le thème de la métamorphose de Kafka, avec l'horreur de la bombe atomique, les séries B... sympa et un peu gore... Pas mal.
On a les mêmes textes dans Horrifique quelquefois...

Fils d'Abraham, ou une variation autour du thème de Dracula, et de Van Helsing.
Bon, moi les enfants perturbés, les pères autoritaires, ca marche quelquefois pour susciter l'empathie. Là, non...

Mieux qu'à la maison
Une histoire de base ball, c'est typiquement américain, je n'ai pas la sensibilité pour apprécier...
bref, j'ai trouvé ça ennuyeux... non, je n'ai pas dit ch...

le téléphone noir, une histoire d'enfant kidnappé par un pédophile, avec dans la cave un téléphone qui sonne alors qu'il n'est pas branché... c'est bien, mais la chute n'est pas à la hauteur de ce que l'on espère. mais cela reste un bon texte du recueil.

Dans la souricière
une histoire de lourdingue qui se fait virer et tombe sur une femme ayant buté ses gosses.
Oui, Joe Hill ne doit pas aimer les enfants... bon c'est pas mal, mais ce n'est pas non plus du Stephen King, il y a un super postulat, mais le fantastique, msieur dam,e, il est où ???

La cape :
un texte avec une cape magique, à découvrir absolument !!!
ca marche car c'est original...


Dernier souffle, un texte sympa dans un labo où l'on recueille le dernier souffle des condamnés !!
pas mal du tout.

Bois mort : euh c'est de la merde...
ce texte n'est guère prenant.

Un petit déjeuner : les années 30, la crise, les vagabonds en train, Joe Hill veut faire comme papa... C'est un texte gonflant, rien à faire dans un recueil plutôt teinté fantastique.

Bobby Conroy revient d'entre les morts.
ca se passe sur le tournage de la nuit des morts vivants, mais je ne m'en souviens plus...
oui, c'est tout dire !!!

le masque de papa : une histoire de père, de société secrète, et j'avoue avoir été largué... donc ca peut être bien...

ESCAMOTAGE : une histoire de eptit garçon qui bâtit des labyrinthes avec des cartons et fait disparaître les méchants.... sympa comme tout.

Comme vous venez de le lire, un recueil est un exercice difficile, mais dans le cas de Joe Hill, il y a le meilleur qui côtoie le médiocre... Quand il fait dans l'original, le brave Joe est percutant, cinglant, excellent, sinon il tombe dans le bas de gamme...
Auteur à suivre, je pense...
Bon, un recueil orienté fantastique chez Lattès, il a bien du bol l'ami Joe...

  (pourquoi les pubs amazon ? pour subventionner les frais de site web...)

fantastique

Wednesday, October 06, 2010

BOULOGNE K : littérature couillue.

Tout commença  un samedi en librairie. 
Arrivé dans le rayon fantastique, sf, fantasy, je reculai instinctivement, confronté à de la bit-litt, des succédanés de Buffy où les héroïnes sont succubes ou monstres et de la sf qui ne me botte pas (Egan).
Question poche, rien ne m'attirait. J'en étais à pleurer la collection Terreur de Press Pocket (enfin, pas Anne Rice parce que là j'aurais été dingue... La nana qui raconte ses fantasmes et les fait passer pour de la littérature, ça gave vite) quand je décidai de me replier en polar.
Il me sembla que la morbidité qui affecte l'imaginaire n'avait pas atteint le genre. Du polar, il y en avait. De la grosse locomotive bien connue et du polar régional... ehe !
Youpie un rayon de Ravet Anceau complet !
Je vous ai déjà parlé de mon affection pour la collection Polar de RAVET-ANCEAU, editeur nordiste en vous chroniquant rapidement Art Brut.
Avec Boulogne K de Michel Vigneron que j'achetai après avoir feuilleté le book, je n'ai pas été déçu une nouvelle fois.






Je suis un fainéant qui ne fait plus de résumé et je repompe la 4eme de couv. C'est mal ? 


4eme de couv"
Que se passe-t-il à Boulogne-sur-Mer ? Une vague de violence s'est emparée de la ville et des réglements de comptes ont fait plusieurs victimes chez les dealers. Alors que la police croit avoir affaire à une classique guerre des gangs, quelqu'un est en train de nettoyer le secteur. Un groupe de motards hyper violents a choisi Boulogne comme nouveau terrain de jeu. Leurs activités : trafic de drogue et prostitution. Leur façade : un club d'amateurs de Harley Davidson. Une fois la concurrence éliminée, ils se lancent dans la production du crystal, une nouvelle drogue aux effets dévastateurs. Roman hyper réaliste, dans la veine de Marilyne de Boulogne, du même auteur, Boulogne K contient des passages violents pouvant choquer les lecteurs sensibles.


Commençons par la fin : BOULOGNE K tient ses promesses et séduit l'amateur de littérature policière sombre et aussi l'amateur d'horreur parce que certaines scènes sont bien glauques ! M Vigneron, je me demande si vous avez déjà lu Masterton... 


Parce que certains passages que vous avez écrits soutiennent la comparaison avec les plus sombres de ses scènes.
Boulogne K, c'est une histoire de mecs, des flics avec leurs qualités, leurs défauts, leurs tares parfois, des gangsters, des losers, un patchwork de destinées qui se croisent dans les quartiers populaires de la cité où l'on survit comme l'on peut... Boulogne K est acerbe, sans complaisance, ni envers les flics, ni envers leurs "clients"... Ni envers notre France bien mal en point.
Il y a certaines vérités assénées au fil des pages qui revigorent... Il y a certains propos qui choqueront les plus bobos des lecteurs (ouais !!!!), mais punaise, ce que c'est bon de lire un livre écrit avec les tripes... Un livre qui montre que le style, ce n'est pas que de jolis mots alignés, mais aussi la faculté de susciter une pluralité d'émotions en offrant au lecteur un moment de bonheur.
la structure parfois éclatée de l'ouvrage m'a bien plu... Cette faculté de nous faire pénétrer dans le quotidien des flics, des putes, des dealers, des alcoolos du crû en quelques lignes, parfois en forçant le trait... 
Et le final, là j'avoue avoir été carrément bluffé... A quand une adaptation au ciné ?????
Bref une très bonne lecture. Je suis impatient de lire les Nuits de la Perversion du même auteur et de me taper la discute avec lui lorsqu'il reviendra de son exil dans l'enfer vert ! 

Avancer...

Je déteste l'automne, les journées qui n'en finissent plus de raccourcir, le temps pluvieux et l'impression de se traîner. J'appréhende déjà l'hiver, les jours de verglas, la neige, bref tout ce qui vous fait regretter de vous lever... Alors, il est tout de même temps de faire un bilan de l'année qui s'écoule.

Roman : sorti.
Quelques dédicaces, des complètement foirées, d'autres super réussies.
Un peu de lassitude à se trouver derrière un stand, à adresser des bonjours comme on lance des hameçons. Parce que l'inconvénient du monde de l'écriture, c'est aussi la pluralité des auteurs...
On attend quelques retours, histoire de voir si on ne s'est pas fourvoyé car l'auteur est une créature qui doute... Un auteur qui ne doute pas, c'est un parvenu non ?
On subit parfois les "ah j'aime pas le fantastique". et on se marre devant ces lecteurs qui n'en ont jamais lu, parce qu'ils n'aiment pas.


Des nouvelles parues...
D'autres à paraître.

Une année plus que correcte.

Et 2011 ?
encore des nouvelles, ici, à l'étranger et toujours le roman jeunesse qui avance.
Le roman jeunesse pour lequel je démarche les maisons d'édition, histoire de voir si la thématique les botte...
Pas facile, lorsqu'on glane les contacts via le web.
Mais je ne suis pas le seul... Donc y a pas, faut avancer...

Allez à bientôt.

Saturday, October 02, 2010

Lievin, une semaine plus tard...

La semaine passée avait lieu le salon de Lievin.
Bien que choyés par les organisateurs, nous avons subi les conditions météo déplorables... et déplacement d'un public peu nombreux...
Heureusement, de franches parties de rigolade avec les potes auteurs et des discussions sur le rôle du hamster, du chat, du four à micro-ondes, de la blatte sur une plaque de cuisson dans un fast food... ont fait passer les moment de solitude.
Beaucoup de photos sur mon album facebook...
Mais juste celle ci pour vous faire regretter de ne pas être venu !!!

LA FORCE RESTE AVEC MOI !
mardi 28 septembre, on a parlé d'investigations avec un triton sur radio uylenspiegel, la radio de la Flandre !
aujourd'hui, il est annoncé dans l'écho du pas de calais...

A bientôt.